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Editorial n°268 – Mars 2016

LOI TRAVAIL : POUR FO C’EST NON !

Après la remise au Premier Ministre du rapport BADINTER, Myriam EL KHOMRI, Ministre du Travail, a présenté un projet de loi « Travail » qui ne cesse de provoquer de légitimes protestations.

Entre autres mesures d’inspiration ultra-libérale, manifestement délétères pour les salariés, le sort des accords d’entreprise ne manque pas de scandaliser tout militant syndical normalement constitué.
Pour mémoire, les médias (toujours très objectifs sur ce thème !) se sont récemment émus du sort réservé à un accord d’entreprise, signé au sein de la FNAC par des syndicats minoritaires, auquel les syndicats majoritaires (FO et CGT) se sont opposés, comme le permet le Code du Travail.
Il était donc urgent et indispensable de réduire au silence ces syndicalistes « protestataires », véritables empêcheurs de réformer en rond… et de travailler le dimanche !

La solution prônée par la Ministre du Travail est simplissime : tout accord d’entreprise signé par des syndicats minoritaires (ayant au moins 30% de représentativité) pourrait être validé dès lors qu’il s’appuierait sur un référendum positif auprès des salariés. Résultat : les syndicats majoritaires pourraient ne plus faire valoir leur droit d’opposition.

Il faut avouer que ce serait tellement plus simple pour imposer des accords scélérats signés par des organisations dites « syndicales réformistes » (que l’on reconnaîtra facilement) dont le but n’est plus de défendre les salariés mais d’accompagner naïvement les souhaits d’un patronat toujours plus vorace !

Ainsi, les salariés pourraient être interrogés directement, court-circuitant les militants syndicaux, formés au droit du travail, qui sont en capacité d’identifier les pièges et les potentielles dérives des propositions patronales.

Car, n’en doutons pas, la question posée par référendum aux salariés sera tellement orientée qu’une seule réponse sera possible, l’expérience l’ayant (hélas) déjà démontré : « êtes-vous d’accord pour travailler 40 heures payées 35 pour éviter la fermeture de l’entreprise » ?  Consultation démocratique ou chantage ?? La réponse est dans la question !

Ainsi, pour le gouvernement et le patronat, il faut renforcer le dialogue social… Oui mais seulement avec les syndicats qui sont d’accord pour imposer le recul social ! Par contre, ceux qui analysent les accords, qui débusquent les pièges, qui argumentent auprès des salariés pour refuser la casse sociale… ceux-là seront réduits au silence !

Après avoir tenté de réduire le paysage syndical à deux organisations avec la   funeste loi de 2008, l’on franchirait ici une étape supplémentaire : permettre à un syndicat minoritaire d’imposer le recul social en s’appuyant sur une consultation des salariés, elle-même dévoyée par un chantage à l’emploi.

S’il fallait encore une raison pour nous convaincre de la nécessité de nous battre avec opiniâtreté pour renforcer massivement notre représentativité, cette grave menace sur le dialogue social représente un danger majeur qui doit motiver chacun d’entre nous.

Il est de la responsabilité de tous d’expliquer largement les enjeux majeurs de cette loi et de s’opposer farouchement à ce qui représente un retour au 19ème siècle, à l’époque où les travailleurs étaient à l’état de quasi-esclavage…

Olivier CLARHAUT
Secrétaire Général