Journal

Editorial n°269 – Juin 2016

LA RESPONSABILITE SYNDICALE

Depuis plusieurs semaines, la mobilisation bat son plein contre la loi EL KHOMRI.

Nous ne reviendrons pas en détail sur le contenu délétère de ce texte dont la finalité est bien de réduire au silence les syndicats qui n’acceptent pas l’accompagnement soumis. C’est tout l’enjeu de l’inversion de la hiérarchie des normes qui permettrait, par accord d’entreprise, de déroger aux conventions collectives.  Renvoyer la négociation de la branche à l’entreprise c’est soumettre les salariés pieds et poings liés au chantage et à la pression des employeurs, comme le démontrait le précédent éditorial de ce même journal.

Si la mobilisation est forte et ne s’épuise pas (malgré les vacances scolaires), c’est que les enjeux sont capitaux. C’est un siècle de conquêtes sociales qui est sur le point d’être mis à terre et les salariés commencent à bien le comprendre !
Le gouvernement tente de « faire de la pédagogie » car, selon lui, nous ne comprenons pas son action… Il n’en reste pas moins que la vraie nature et les conséquences concrètes de cette loi apparaissent maintenant en pleine lumière.
Car, ne nous y trompons pas ! Il ne s’agit pas de discussions techniques pour juristes… Les effets seront concrets et  l’opinion n’est pas dupe.

C’est la raison pour laquelle la mobilisation recueille l’assentiment d’une grande majorité de la population malgré les « effets secondaires » des grèves et divers blocages. Hélas, la concertation préalable à la rédaction de ce texte n’a pas été faite et nous sommes mis devant le fait accompli. Nous n’avons donc pas d’alternative à la mobilisation générale !

Notre organisation syndicale préfère traditionnellement le dialogue et la négociation afin de trouver un accord mais, lorsque les circonstances l’exigent, nous savons aussi nous mobiliser et agir !

Evidemment, les médias reprennent en boucle les poncifs les plus usés : les syndicalistes « ne représentent plus rien » (cf. édito du n°267) et « prennent en otage » les français… Néanmoins, sur le terrain, les expressions de solidarité sont très nombreuses et l’on perçoit une adhésion majoritaire à ce mouvement de protestation. C’est un fait à noter, car inhabituel, ce qui tend à démontrer que les salariés ont bien détecté les dangers majeurs de cette loi qualifiée de loi « Travail » mais qui va aggraver encore davantage la précarité et le chômage.

Alors, le gouvernement s’enferme dans ses certitudes et ses démonstrations autoritaristes. Le Premier Ministre affirme : « La CGT ne fait pas la loi ! ». D’accord, mais pourquoi le MEDEF l’a co-écrite, cette loi ?

Il nous appartient donc de poursuivre la mobilisation par tous les moyens d’action. Est-il nécessaire de rappeler que FO condamne toute forme de violence ?

Evidemment, pour nous, la violence contre les biens et les personnes (y compris les forces de l’ordre) n’est jamais la solution ! Nous appelons donc chacune et chacun à participer aux mouvements qui vont se poursuivre tant que ce texte ne sera pas retiré.

Question essentielle : Quel monde du travail voulons nous laisser à nos enfants ?

Olivier CLARHAUT
Secrétaire Général