Editorial n°274 – Septembre 2017

VOUS AVEZ DIT « REFORMES » ?

Ainsi, selon le Président de la République, « la France ne serait pas réformable« , puisque « les Français détestent les réformes« …

En surenchère, le porte-parole du gouvernement estime, selon une formule usée jusqu’à la corde, qu’il n’y a « pas eu assez de pédagogie » pour expliquer les projets en cours…

Une fois encore, en réaffirmant la volonté de Force Ouvrière de ne pas se mêler de politique, ces propos ne peuvent rester sans réactions. Jean-Claude MAILLY n’a-t-il pas lui-même indiqué qu’il ne « comprenait pas qu’Emmanuel MACRON de la République puisse dire ça« .

Qu’est-ce qu’une réforme ? Selon le dictionnaire Larousse, il s’agit d’un « Changement de caractère profond, radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement« .

Ainsi, « réformer » peut caractériser un vaste champ de possibilités mais ce terme est fréquemment connoté de façon particulière : réforme des retraites, de la sécurité sociale, du Code du Travail… Depuis longtemps, le concept de « réforme » est devenu associé, par nature, à une régression sociale, sous diverses formes, toujours accompagné de pertes de droits et de sacrifices à consentir sur l’autel de la modernité !

Et que l’on ne vienne pas nous dire que nous n’avons pas eu assez d’explications pour bien comprendre, qu’il n’a pas eu assez de pédagogie : Chacun voit parfaitement l’injustice lorsqu’elle se présente : n’ajoutons pas le mépris à la manipulation !

En d’autres temps, force est de constater que des réformes ont été organisées, y compris par voie d’ordonnance : cinquième semaine de congés payés, semaine de 39 heures, retraite à 60 ans… A l’époque, une majorité de Français a plébiscité ces réformes, qui allaient dans le sens logique de l’histoire sociale.

A l’évidence, affirmer péremptoirement (du haut de son piédestal) que « les Français détestent les réformes » ne relève pas de la plus grande honnèteté intellectuelle. Il serait plus judicieux de considérer que nos compatriotes détestent que la classe dominante impose au plus grand nombre des sacrifices qu’ils sont seuls à supporter.

L’expérience prouve également que les reculs sociaux régulièrement imposés ont brillé non seulement par leur injustice mais aussi et surtout par leur inefficacité !

La conclusion qui s’impose indubitablement est que le peuple français serait favorable à des réformes justes, pour peu qu’on les leur propose, notamment :

• augmentation du SMIC et des petites retraites, pour relancer la consommation,

• réforme fiscale pour une contribution proportionnelle aux ressources et lutte contre la fraude fiscale,

• réforme du fonctionnement de l’Union Européenne pour réaliser une convergence fiscale, sociale (par le haut) et environnementale.

Voilà des exemples de réforme qui emporteraient la bienveillance des Français et qui ne participeraient pas à leur perte de confiance dans le milieu politique…

OC