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Communiqué Fédéral du 5 Mai 2020

Depuis le début de cette crise sanitaire, la Pharmacie d’Officine connait des difficultés face au manque d’équipements de protection individuelle indispensables au maintien de la sécurité et de la santé au travail, dont l’employeur est responsable. En première ligne face au public, les salariés ont ressenti de multiples inquiétudes et ce fut l’occasion de larges expressions d’un malaise et d’interrogations légitimes que notre organisation syndicale prend pleinement en considération.

Ainsi, il nous a fallu rappeler au Ministère de la Santé que le Préparateur en Pharmacie est au contact de la clientèle au même titre que le Pharmacien et méritait également de bénéficier de masques de protection pour exercer sa mission en sécurité. Nous avons reçu une réponse positive du Ministre ce matin même…

Cet épisode a mis en lumière le manque de visibilité de la profession de Préparateur en Pharmacie et, par extension, le manque de reconnaissance sur tous les plans : rémunération, perspectives de carrière, missions spécifiques, etc…

Conséquence : un affolement généralisé sur les réseaux sociaux, notamment, et une prise de conscience d’une nécessaire action collective. Nous sommes sensibles à ce sursaut de l’intérêt commun même s’il s’exprime actuellement de façon variée, voire décousue…

Bien évidemment, l’intention est bonne et l’objectif louable mais est-il pertinent de vouloir créer des structures alors qu’il existe déjà des collectifs qui sont organisés et reconnus comme interlocuteurs par la loi ? Il semble utile de le rappeler ici : des professionnels qui se regroupent pour défendre collectivement leurs intérêts communs et qui sont les représentants officiels des salariés auprès des chambres patronales et des pouvoirs publics, ça existe déjà et ça s’appelle… un syndicat !

Il faut se souvenir que la représentativité syndicale est inscrite dans la loi du 20 août 2008, qui définit en particulier les modalités de mesure de l’audience syndicale tous les quatre ans. Ainsi la représentativité des syndicats dans les entreprises, les branches et au niveau interprofessionnel est définie périodiquement par décret. Dans ce cadre légal, une association ne peut prétendre à représenter une profession de manière officiellement reconnue puisque n’ayant pas le statut d’organisation syndicale représentative.

De nombreuses questions sont posées : reconnaissance du Préparateur par une carte professionnelle, par un Ordre ? Si la question est légitime, ces hypothèses sont ne sont que poudre aux yeux puisque le Préparateur n’est pas un professionnel de santé autonome, ni libéral ni paramédical. Une carte professionnelle pourrait être délivrée par les ARS mais, malgré nos sollicitations, il n’existe aucun dispositif de centralisation des professionnels diplômés. De même, le recours à un Ordre n’a aucun sens : les infirmiers l’ont bien compris car ils doivent maintenant cotiser pour travailler…

A l’évidence, puisqu’il exerce sa mission sous le contrôle effectif d’un Pharmacien (auquel il est subordonné), le Préparateur ne peut résolument entrer dans ce schéma. Peut-on imaginer une carte professionnelle ou un Ordre pour les clercs de notaire ?

A qui les salariés de la Pharmacie d’Officine peuvent-ils faire confiance pour la défense de leurs intérêts :

  • A des syndicalistes qui, depuis des années, consacrent la majeure partie de leur temps personnel à la négociation de la Convention Collective et à l’information de leurs adhérents et y ont acquis une solide compétence dans le domaine ?
  • A un groupe d’individus, possédant certainement des intentions louables, mais sans que personne ne leur ait donné la moindre légitimité collective ?

La question mérite que l’on y réfléchisse et cette période de confinement ne doit-elle pas nous permettre de mettre l’urgence à distance pour mener une réflexion approfondie ?

Paris, le 5 mai 2020

Olivier CLARHAUT
Secrétaire fédéral de la branche Officine