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Editorial n°267 – Décembre 2015

Quelle représentativité syndicale ?

Nombreux sont les thèmes qui reviennent régulièrement dans les gazettes et les émissions dites « d’information » qui martèlent avec constance les mêmes théories et tentent ainsi de diffuser la pensée dominante dans les esprits les plus perméables.

Après la bousculade d’Air France, l’on en arrive inévitablement à s’interroger sur la fameuse représentativité des syndicats…

C’est le moment où l’on ressort des archives le pourcentage des salariés syndiqués (environ 8%) pour justifier que ces ringards de syndicalistes sont des empêcheurs de réformer, crispés sur leurs avantages acquis et incapables de comprendre la nécessité de s’adapter à une économie mondialisée… On connaît le refrain !

C’est oublier un peu vite (et de façon malhonnête !) que la loi du 20 août 2008 précise de manière détaillée les conditions de la représentativité syndicale. En plus de considérations générales (respect des valeurs républicaines, indépendance vis-à-vis des employeurs, transparence financière,…), le législateur définit le mécanisme de la mesure de l’audience syndicale.

L’audience des organisations syndicales est définie par la compilation de deux mesures :

  • les résultats du premier tour des élections au comité d’entreprise, voire des délégués du personnel ou de la délégation unique du personnel,
  • le résultat de la mesure de l’audience syndicale dans les entreprises de moins de onze salariés : l’élection TPE de 2012, reconduite en décembre 2016.

Il s’agit donc d’une représentativité d’élection et non pas d’adhésion, inscrite au Code du Travail, pour définir quels syndicats sont représentatifs, tant au niveau interprofessionnel, des branches ou dans les entreprises.

Dénigrer la représentativité syndicale au motif du faible taux d’adhésion est, a minima, méconnaître la loi, pour ne pas dire se livrer à une propagande éhontée pour tenter de démolir le contrepoids syndical dans l’opinion publique !

La façon de poser cette question est d’autant plus croustillante lorsqu’elle vient d’un homme politique qui fustige des syndicats qui « bloquent les réformes et qui ne représentent qu’eux »… A ce titre, il est intéressant de comparer les statistiques que l’on peut trouver sur les effectifs des adhérents des syndicats et des partis politiques :

Adhérents des partis politiques

 

Adhérents des organisations syndicales

Les Républicains

213 000

 

CFDT

860 000

Front de Gauche

125 000

 

CGT

700 000

PS

130 000

 

FO

500 000

FN

80 000

 

CFE-CGC

160 000

Source : Le Parisien, 4/06/2015

 

CFTC

140 000

   

Source : Facta Média 26/02/2015

Si l’on suit cette méthode, il est clair que les partis politiques sont bien moins représentatifs que les syndicats ! Mais nul ne peut contester que l’influence des partis politiques se mesure bien par les élections et non pas par le nombre d’adhérents…

Enfin, si l’on reste au critère de l’élection, les syndicats s’en sortent mieux que les partis politiques puisque le niveau de participation aux élections professionnelles se situe entre 70 à 80%, bien au-delà du taux moyen de participation aux élections politiques…

D’ailleurs, dans un article du 8 juillet 2014, Le Figaro (que l’on ne peut suspecter d’être proche des syndicats !) écrivait : « Difficile de dire, quand on cumule le taux de participation et le résultat des élections, que la CGT et FO ne représentent rien en France ».

A l’évidence, creuser au-delà des vérités prêtes à penser est désormais une impérieuse nécessité ! Doit-on aller jusqu’à dire que les journaux télévisés et autres émissions « de débat » ne sont que de vils outils de propagande destinés à formater l’opinion publique ?

Attachés à l’émancipation de la pensée des salariés, nous laissons chacun se construire sa propre opinion…

Olivier CLARHAUT

Secrétaire Général