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Editorial n°266 – Septembre 2015

Modernisation = dérégulation ?

L’internet, nouvel espace de liberté et de développement économique ? Oui, certainement… Mais aussi une brèche gigantesque dans l’arsenal législatif et réglementaire qui protège notre société républicaine dans de nombreux domaines !

Il n’est plus à démontrer que les « technologies de l’information et de la communication » permettent à des personnages opportunistes, souvent peu scrupuleux, de contourner les lois dans de nombreux domaines.

Les outils numériques modernes sont souvent fort utiles même s’ils sont parfois d’une futilité consternante. Là où les choses se compliquent, c’est lorsqu’ils violent les législations fiscales ou sociales de manière flagrante et assumée.

Les récentes manifestations organisées par les taxis français (malgré l’expression d’une violence jamais admissible) ont mis en lumière les réels dangers d’une économie numérique globalisée qui se croit autorisée à bafouer impunément toutes les règles, sous prétexte de modernité !

Permettre de favoriser le co-voiturage en mettant en relation un conducteur et un passager semble logique. Par contre, organiser sciemment un circuit parallèle pour concurrencer les taxis sans respecter aucune règle sociale ou fiscale dépasse le concept de concurrence déloyale pour ressembler davantage à l’organisation d’un véritable travail dissimulé !

C’est là où les grandes idées novatrices prônées par un certain ancien banquier d’affaires devenu ministre de l’économie, atteignent rapidement leurs limites.

Non, la modernisation de la société ne passe ni par la dérégulation ni par l’assouplissement des règles qui sont conçues pour encadrer les activités humaines !

Non, le Code du Travail n’est pas un frein à l’embauche : les chiffres du chômage suffisent à le démontrer !

Ainsi, les règlementations sociales et fiscales freineraient le développement de l’économie et la croissance tout comme le Code du Travail nuirait à l’emploi ? C’est curieux… on ne nous dit jamais que le Code du commerce nuit au développement des échanges commerciaux ou que le Code de la route pénalise la vente d’automobiles !

La loi « Macron » a entériné le plafonnement des dommages et intérêts accordés aux Prud’hommes en cas de licenciement abusif pour « favoriser l’économie ». Faut-il en déduire qu’il faudrait réduire le coût du divorce pour favoriser le mariage ?

Nul besoin de développer davantage pour démontrer la navrante absurdité de cette pensée qui voudrait devenir unique et que nous combattons activement !

Comment faire en pratique ? D’abord résister au conditionnement et réfléchir.

Ensuite, si certains doutent du pouvoir du bulletin de vote, chaque citoyen dispose d’un autre pouvoir : celui du consommateur…

Notre mode de consommation peut faire changer les choses. Par exemple : préférer un être humain à une caisse automatique ou à un site internet, ne pas encourager les dispositifs qui créent du chômage ou précarisent les salariés. Ces outils citoyens sont dans nos mains : chacun doit s’en saisir et exercer son influence…

Olivier CLARHAUT