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Editorial n°271 – Décembre 2016

Résister en pensée puis en action

Nous ne le répèterons jamais assez : Force Ouvrière est une organisation syndicale libre et indépendante de toute emprise politique, philosophique ou religieuse. Par conséquent, ne confondant pas le salarié avec le citoyen, FO ne prend jamais parti dans le domaine politique et ne donne aucune consigne de vote : c’est l’une de nos valeurs fondamentales.

Néanmoins, les questions économiques et sociales nous concernent au premier plan. En effet, sans se prononcer de manière politique, notre organisation  syndicale a pour mission d’alerter les salariés sur les enjeux et les conséquences concrètes des décisions prises par les gouvernements en place ou des programmes des candidats aux élections.

Plus largement, il nous revient de participer à la construction d’un jugement éclairé qui permette à chacun de s’émanciper d’un certain conditionnement des esprits par une propagande massive. Les esprits un peu curieux ne peuvent rester insensibles au matraquage systématique et continu qui tend à imposer largement la pensée unique : « le capitalisme est le seul modèle possible, la société doit se réformer, les sacrifices sont inévitables, il faut travailler plus longtemps, etc » …

Nous appelons donc à la résistance par la pratique d’un indispensable esprit critique.

Par exemple : Certains affirment que notre modèle social ne peut plus fonctionner, estimant qu’un schéma créé en 1946 n’est plus adapté à notre société ! Pourtant, le programme du Conseil National de la Résistance qui souhaitait la création d’«un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail» est plus que jamais indispensable !  Les déficits ? Cessons de créer des exonérations de cotisations et luttons contre une fraude fiscale organisée à échelle industrielle qui fait coûte (au bas mot) 80 milliards d’euros par an !

Nombreux sont les exemples des «adaptations d’une société moderne dans un monde ouvert» pour reprendre la terminologie dominante dans les médias.

Les syndicats seraient inadaptés et faibles, oubliant que la représentativité est mesurée sur élection, depuis la loi de 2008. Il faudrait, nous dit-on, casser le monopole syndical  et simplement consulter directement les salariés par référendum. Excusez du peu !

Après avoir échoué, en 2008, à faire disparaître les syndicats qui n’accompagnent pas naïvement les réformes et qui défendent vraiment les salariés, si on décidait de les contourner purement et simplement ?

On favorise déjà la négociation dérogatoire au niveau de l’entreprise plutôt que dans la branche. Résultat : l’employeur a dans la main le contrat de travail de son interlocuteur syndical pour (tenter de) faire pression.

Etape suivante : court-circuiter les syndicats pour imposer les  volontés du patronat à des salariés non formés au droit du travail et qui ne pourront que céder au chantage à l’emploi…

Convaincre par notre analyse est vital pour résister, d’abord par la pensée, ensuite par l’action.

Olivier CLARHAUT
Secrétaire Général