Editorial n°277 – Juin 2018
Ré-inventer le syndicalisme ?
Vous lirez dans ce numéro une rapide synthèse de la Rédaction à propos du Congrès Confédéral qui s’est tenu à Lille fin avril. Sans revenir ici en détail sur son déroulement, il nous faut néanmoins constater une franche divergence d’appréciation entre les réformistes (partisans de la négociation) et les purs contestataires. Jusqu’à présent, la stratégie de FO s’appuyait sur ces deux « piliers » : tenter de négocier d’abord pour, si nécessaire, contester ensuite.
Si les attaques menées contre le droit du travail et tout ce qui est collectif en matière sociale sont évidemment sans précédent, les capacités de mobilisation sociale ne sont (hélas) pas à la hauteur des enjeux ! Les mobilisations contre la loi « EL KHOMRI » en 2016 ont cruellement démontré leur inefficacité.
Dès lors, se contenter d’appeler à manifester contre les ordonnances, l’an dernier, ne pouvait que se solder par un bilan plus désastreux encore et FO a eu raison de demander une concertation avec le gouvernement pour limiter les dégâts.
Evidemment, ceci ne satisfait personne : nous aurions tous préféré faire reculer le gouvernement mais la réalité doit nous faire redescendre sur terre… Appeler à la grève générale interprofessionnelle est fort sympathique mais sur le terrain, c’est moins facile qu’à une tribune !
A l’évidence, les temps ont changé : la défense de l’intérêt collectif semble ne plus emporter l’enthousiasme des foules. La crainte de perdre son emploi, les difficultés financières et une forme de résignation rendent les mobilisations quelque peu illusoires et nous le regrettons !
Faut-il se résigner ? Certainement pas ! Faut-il se réinventer ? Impérativement !
La communication syndicale a certes évolué mais il reste beaucoup à faire pour que les salariés, chômeurs et retraités s’intéressent à nos analyses et en comprennent tous les enjeux. Les formes d’action que nous avons connues pendant les dernières décennies doivent impérativement évoluer. Force est de constater que grèves et manifestations peinent à rassembler et à être efficaces : il nous faut donc trouver d’autres méthodes pour que l’opinion publique s’approprie nos inquiétudes et adhère à notre stratégie syndicale. Faute de quoi, nous pourrions bien subir la déliquescence qui a frappé les partis politiques dont les citoyens s’éloignent avec constance.
Argumenter, démontrer et convaincre pour nous développer : voici les défis qui sont face à nous et qui demandent une adaptation urgente et profonde.
A tous les niveaux de l’organisation, chacun devrait en être convaincu et agir en conséquence…
Olivier CLARHAUT